Les 15 revendications phares du Centre d'Action Laïque pour les élections 2024
Adopter une législation visant une régulation par l’État de la production, du commerce et de la consommation de tous les produits psychotropes
Se fondant sur ses valeurs d’égalité, de liberté et de solidarité, le mouvement laïque juge que l’arsenal législatif en vigueur en matière de drogues, essentiellement marginalisant et pénalisant, est incompatible avec les principes d’autonomie, de responsabilisation et de liberté individuelle. Pour le mouvement laïque, il est en effet préférable de responsabiliser plutôt que de criminaliser, d’encourager l’autonomie plutôt que d’enfermer dans l’assistanat, de respecter les libertés individuelles plutôt que de chercher à les restreindre.
La criminalisation et la répression des consommateurs de drogues s’avèrent particulièrement nuisibles en matière de santé publique et de criminalité. Certains usagers de drogues constituent une population fragile au parcours de vie abîmé, parfois sans-abri, souvent précaire. Leur accès aux soins de santé, déjà difficile en temps normal, s’est encore compliqué durant la pandémie de Covid-19. L’engrenage policier peut mener à la prison et à la constitution d’un casier judiciaire. À l’heure actuelle, environ 50 % des détenus sont incarcérés pour des infractions inhérentes aux stupéfiants ou à des faits connexes.
La décriminalisation des comportements entourant l’usage des drogues constitue un premier pas essentiel, mais il faut aller plus loin : l’État devrait organiser et réguler à travers un cadre légal rigoureux, l’ensemble du marché des drogues (culture, fabrication, vente et distribution) ainsi que leurs modalités de consommation.
Une telle réglementation n’induit en rien la promotion de la consommation, mais assure une protection des usagers de drogues leur garantissant des produits contrôlés et leur facilitant l’accès aux conseils de réduction des risques. Elle permet une approche préventive efficace libérée de l’interdit auprès du public non consommateur et tout particulièrement des jeunes. Elle aboutit à la diminution du nombre de personnes détenues ainsi qu’à la libération de moyens policiers et judiciaires pour d’autres tâches. Elle induit la fin du monopole de fait des trafiquants et, c’est espéré, un assèchement du marché noir. Pour finir, les gains financiers dégagés par l’État grâce aux taxes et accises devraient être dédiés à une augmentation des moyens dévolus au suivi et à l’offre de soins de santé en matière d’assuétudes ainsi qu’à la mise en œuvre de campagnes de prévention et de programmes de réduction des risques.